Un fort caractère pour une forte poitrine [Pv Key Scarlet][Flashback]

Nova était assise à une table d'un bar miteux, sur la petite île de Baterilla. Mais miteux était un euphémisme en fait, l'adjectif véritable qui se serait accordé à cette situation étant un petit peu plus vulgaire.
Concrètement, le bâtiment en lui même était déjà dans un état lamentable : Si on arrivait depuis l’extérieur, et qu'on regardait sa façade, on pouvait avoir un aperçu de ce qui se trouvait dans la salle commune où étaient rassemblés les clients : La construction faite en grande partie de bois, de récupération sans doute, était apparemment instable, et s'affaissait sur la maison voisine, à la manière d'un ivrogne qui se retient au mur pour ne pas tomber... Un ivrogne qui aurait pu sortir de la taverne d'ailleurs. Au dessus de la porte de bois pourri, trônait un petit écriteau, seule chose à peu près présentable sur l'ensemble, et qui annonçait fièrement (enfin, aussi fièrement que possible, au vu de son support...) "Chez Clément". Ce même clément qui devait être le patron de la taverne... Tout du moins cela semblait logique à la jeune femme installée à l'intérieur.
Les fenêtres qui donnaient sur la rue était sales... Très sales en fait, on ne pouvait pratiquement pas voir à travers, que l'on se trouve à l'extérieur ou non. De petit balcons parsemaient ici et là la façade, avec un air à peu près aussi branlant et peu sûr que l'endroit sur lequel ils étaient fixés... D'ailleurs, jamais personne ne montait dessus, de peur de s'écraser au sol, quelques mètres plus bas. Au rez de chaussé, deux grandes fenêtres permettaient d'avoir une vue passablement obscurcie par la fumée qui venait se coller aux carreaux dans l'un ou l'autre sens.
Si on passe la porte, la première chose qui vous saute à la gorge -au nez et aux yeux par la même occasion en fait- c'est la fumée ambiante... Plusieurs des clients habitués fument du tabac de mauvaise qualité à l'aide de pipes ou de cigarettes. Un âtre qui flamboie fréquemment le soir dégage une fumée noirâtre et épaisse habituellement, ce qui alourdi encore l'atmosphère du lieu...
Quelques piliers soutiennent le plafond de la pièce, qui lui même semble en permanence sur le point de s'effondrer, malgré les affirmations du patron. Lesdites colonnes de bois sont noircies par la fumée, qui laisse des traces comme des pointes de lance vers le plafond. Leur socle est renforcé de pierre, mais ça ne rassure pas vraiment.
Le patron -peut-être ce fameux clément que nous vante l'écriteau- est assez jovial, et ses alcool bons marchés. Il connaît à peu près tout ses clients, Nova faisant exception à la règle puisque lorsqu'elle s'aventure ici, elle ne parle que pour commander quelque chose... Et bois par la suite. Ou alors, elle monte à l'étage avec un quelconque personnage présent, et on ne peut que trop deviner ce qu'il se passe.

La détentrice de Logia était donc attablée sur un côté de la pièce, restant bien en vue pour le reste des personnes présente dans la taverne... Et bien en vue, elle l'était, une bonne moitié des paires d'yeux présente dans la salles étant fixée sur elle, et ses formes. Elle même venait pour pouvoir boire un coup tranquillement, voir se divertir un peu... Il fallait avouer que, malgré son auberge pour le moins délabrée, le patron avait un alcool particulièrement doux au palais, et plus que sympathique.

Nova faisait tranquillement tourner le vin couleur pourpre dans son verre, plongée dans ses pensées... Elle en but une gorgée, ses yeux scrutant discrètement toute les personnes présente dans la salle... Aucune n'avait l'air disposée à l'aborder. Finalement, elle allait peut-être finir la nuit seule... Aucun d'entre eux n'était digne d'elle. Elle vida son verre d'un coup, avant de signifier à un serveur un peu trop grand qui devait presque se courber pour marcher de lui resservir la même chose, d'un simple geste de la main. Elle en était maintenant à son quatrième verre, et une douce chaleur envahissait peu à peu son corps de rêve... Mais Nova était loin du compte de coupes qui la feraient passer sous la table, les années passées en compagnie de l'alcool lui avaient au moins apporté ça.

Cela promettait d'être une soirée plutôt banale en fait, seule en compagnie d'elle même... Mais enfin, la jeune femme n'était pas contre, cela allait lui permettre de réfléchir à son avenir... La Marine ne la satisfaisait plus pleinement dorénavant, et changer de camp était une possibilité qu'elle commençait à envisager sérieusement.

Je n'avais pas suivi la route des Red Scaves. Ceux-ci ne semblaient pas disposés à ce que je les joigne, et puis la purée de pois qui avait envahi la zone ne m'avait pas permis de les retrouver facilement. En fin de compte j'avais pris la fuite, comme d'habitude, en veillant bien à ce qu'aucun des soldats, morts où vivants, ne voie mon visage. J'avais repris ma petite barque et étais retournée en mer pour joindre une île où j'espérais enfin trouver quelqu'un qui serait digne et capable de m'aider à atteindre mes buts. Je venais maintenant d'arriver sur Baterilla, une petit île sans prétention, où l'air frais de la nuit me faisait légèrement frissonner. Après une courte marche, je rejoignais un petit hameau ridicule, comme la plupart des villages sur cette mer, où des cabanes et des planches en bois étaient plantées dans le sol pour faire croire à des bâtiments dignes d'héberger des personnes à l'intérieur. Dans tout ces débris on repérait aisément la taverne, qui n'était en fait que la bâtisse la moins pourrie du quartier. Par son aspect délabré, sale et nullement équilbré - on aurait même dit qu'un côté s'était effondré - le tas de planches me donnait juste, mais juste vraiment envie de le raser. Je détestais les choses hideuses, moches, qui gâchaient le paysage comme ça. Que ce soient des êtres vivants ou des objets, leur aspect me répugnait au point de me sentir obligée de leur redresser le portrait, ou au moins de les éradiquer. Fermant les yeux et tournant mon visage sur le côté comme si j'anticipais qu'une odeur terrible allait m'agresser le nez, j'ouvrais la porte. Un nuage de fumée m’assomma puis se dispersa. Je n'avais jusque là pas trop fait attention à ma tenue, et porter un manteau par dessus mes habits légers aurait franchement été un choix judicieux.

Jusque là je m'étais baladée avec des vêtements partiels et plus que dénudés : j'avais de petites bottines en tissu qui me tenaient bien les pieds, de grands collants noirs m'arrivant jusqu'au haut des cuisses, un bikini noir et une armure partielle - c'est à dire une brassière m'enveloppant le bras, une plaque d'acier recouvrant ma hanche gauche et un plastron-soutien-gorge en plus de mon haut de bikini - et pour finir une ceinture en cuir à laquelle pendaient ma bourse et mes deux katanas. Certes, une tenue plus que spéciale et fort déshabillée, mais qui accentuait beaucoup sur ma beauté. En bref, en entrant tous les regards - ou presque - se posèrent sur moi et j'eus l'impression de me faire analyser de haut en bas par tous ces hommes dégoutants. Pourtant, beaucoup avaient encore leurs yeux et sourires sadiques pointés sur une autre femme très jolie assise à une table. Je m'accoudais au comptoir pour demander une boisson tout en ignorant les "Hé poupée, tu veux pas venir sur mes genoux !" ainsi que les rires gras de tous ces hommes dépréciables. Une fois la boisson servie et payée, je m'étais juste rendue sans dire mot jusqu'à la table où se trouvait la jeune femme et m'étais assise face à elle. Elle se noyait dans l'alcool, alignait les verres vides que je contemplais avec respect quant au fait que je n'avais jamais vu quelqu'un tenir aussi bien l'alcool. Elle avait un regard plutôt vitreux, mais ne semblait pas ivre pour autant. Au contraire, elle était parfaitement en état de réfléchir. Je touchais des doigts les parois de mon verre pour me détendre de tous ces pervers autour de nous et jouais avec les formes cristallines du verre. J'adorais contempler les choses et toucher les textures pour atteindre un état lunaire psychologiquement, en réalité j'étais totalement ailleurs. Une nouvelle choppe vide cogna sur la table, ce qui eut pour effet de me faire sortir de mon monde pour me ramener à la réalité, et me faire descendre rapidement mon verre. Cela me suffisait, l'alcool ne me plaisait pas plus que ça, c'était juste rafraichissant pour moi.

Visiblement, c'en était assez pour l'inconnue, puisqu'elle se leva et s'apprêta à rejoindre la porte. Elle se fit un chemin entre les tables en évitant avec une facilité déconcertante les gestes des autres hommes pour lui toucher les fesses. L'un d'eux tenta de faire de même lorsque je la rattrapais et réussit, mais fut rapidement récompensé par un coup de fourreau dans sa tronche qui lui détruisit le nez. Certains hommes se levèrent spontanément, par signe de défi. Mais j'avais mieux à faire que de me battre avec eux, et les ignorais. L'inconnue ouvrit la porte, je la suivais et refermais cette dernière alors qu'une bataille s'amorçait à l'intérieur. Elle remarqua enfin ma présence et me regarda de ses yeux bleus. Je m'interrogeais sur la carte à jouer : la pitié n'aurait sûrement pas fonctionné, le charme non plus - c'était une femme... mais quoi alors ? Je finis par demander sans finalement jouer sur ma personnalité :
- Ahem. Bonsoir, excusez-moi, je voudrais juste savoir si vous connaitriez un endroit où dormir sur cette île ? Car je dois avouer que je n'ai que ma barque et que j'aurais aimé me laver et me reposer dans un lit, qu'importe qu'il soit confortable ou non, juste pour cette nuit. Si vous connaissez l'adresse d'une auberge vous pouvez me l'indiquer ? Bien que vous non plus ne semblez pas venir d'ici... Et tout en disant ces derniers mots j'approchais mon visage pour sentir l'odeur de la jeune femme.
Du parfum, j'adorais le parfum, mais c'était chose rare à se procurer pour tout bon voyageur, alors je me contentais de mes essences naturelles, car bon nombre de fois on m'avait dit que ma peau sentait le fruit et plus particulièrement l'ananas. Enfin, comme j'étais très croyante je fis un léger signe avec les mains jointes, quasi-imperceptibles, et me mis à prier pour que cette femme m'apporte ce que je lui demandais.

Nova venait de finir un verre de plus quand une jeune inconnue à la chevelure plutôt... Tape à l'oeil était entrée dans le bâtiment. Sa tenue était plus que légère, ce qui attira évidemment l'attention de tous les mâles présent dans l'établissement de boisson... Soit à peu près 95% de la population de l'endroit en fait. Elle même y jeta un rapide regard, puis recommença à siroter son alcool sans vraiment faire attention à ce qu'il se passait autour d'elle.
La nouvelle venue s'installa directement au comptoir, un peu à l'écart du reste des clients de l'établissement, pour commander un verre au patron qui le lui servit tout de suite, se dispensant d'un commentaire grivois. Ce qui étonna un peu plus la jeune femme déjà attablée, ce fut le moment où la rouquine pris sa boisson pour simplement s'attabler face à elle.
Nova, pour qui tout devait avoir un raison, réfléchit à ce mouvement... En fait, elle n'eut pas à se triturer les méninges bien longtemps : toutes les autres tables de l'établissement étaient occupées par des hommes, et s'en éloigner le plus possible était normal, si on ne cherchait pas la même chose que la nymphomane. Mais, la nouvelle venue n'ouvrit pas la bouche, ni n'essaya de faire connaissance -ce qui convenait parfaitement à Nova bien sûr-, elle s'amusa juste avec son verre.
Sans prêter attention aux geste de l'autre femme, Nova finit son verre et le reposa sèchement sur la table... Les hommes commençaient à se lever pour s'approcher, et l'ambiance devenait malsaine, et la cadette de la famille terra ne voulait pas cela... Surtout qu'elle ne se sentait pas d'humeur. Elle se remit sur ses pieds avant de marcher vers la sortie, esquivant habilement tout contact physique, démontrant par ce fait même que l'alcool n'avait pas encore atteint son cerveau.
La jeune marine passa la porte sans plus de cérémonie, se rendant compte qu'une bagarre éclatait au même moment derrière elle. Mais l'inconnue l'avait suivie, ce qui eut pour effet de l'étonner plus que de réellement la gêner. La jeune femme aux cheveux de feu pris la parole sans que Nova ne se retourne, se contentant d'écouter sa demande:

- Ahem. Bonsoir, excusez-moi, je voudrais juste savoir si vous connaitriez un endroit où dormir sur cette île ? Car je dois avouer que je n'ai que ma barque et que j'aurais aimé me laver et me reposer dans un lit, qu'importe qu'il soit confortable ou non, juste pour cette nuit. Si vous connaissez l'adresse d'une auberge vous pouvez me l'indiquer ? Bien que vous non plus ne semblez pas venir d'ici...

Se retournant pour faire face à ce nouveau personnage, elle le détailla, ne se gênant pas pour la scruter longuement... Avant de dire d'une voix qui se voulait polie:

"-Comme vous l'avez fait remarquer, je ne suis effectivement pas d'ici... Et de toute façon, je pense que vous venez de provoquer la bagarre qui va se faire s'écrouler le dernier établissement de ce type qui existait sur cette île.
Enfin, bref, peu importe, je peux vous aider à trouver quelque chose... Mais commençons par le début, quel est votre nom?"

Nova ne portait pas son fusil en bandoulière comme à son habitude, ayant délaissé pour une fois son éternelle combinaison de combat pour un ensemble un peu plus décontracté à décolleté plongeant, et très court au niveau des jambes. Elle réfléchissait à toute vitesse, tentant de décrypter ce que lui voulait l'inconnu, et surtout qui elle était foncièrement... Les deux armes à sa ceinture n'aidaient pas vraiment à se rassurer quant à ses intentions, même si la jeune marine n'était pas vraiment pétrifiée par la peur face à la rouquine... Elle même pouvait se défendre sans arme, et elle le savait, mais cela ne l'empêchait absolument pas de se poser des questions... C'était plus par curiosité personnelle que par intérêt en fait.

Devais-je mentir ou lui dire mon vrai prénom ? Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose ne m'inspirait pas confiance chez cette femme. Peut être était-ce son accoutrement plutôt strict ou l'air sévère qu'elle pouvait prendre à tout moment. Néanmoins, j'avais besoin de ce logis et j'imagine que si j'avais menti elle l'aurait reconnu.
- Je m'appelle Keys. Vous pourriez alors m'aider ? Oh, comme ce serait aimable à vous !
Je n'avais, après tout, pas besoin de lui dire mon nom. Elle me jaugea une nouvelle fois, comme si elle devait choisir entre le fait que je sois un boulet pour elle ou non. Je préférais continuer à jouer, car il y avait un peu de faux quand même, la nunuche intimidée. Nonchalamment, je m'asseyais par terre en attendant qu'elle prenne sa décision. Derrière nous, le bar était en train de se disloquer et la clientèle traversait les murs. Je rentrais à nouveau dans un état lunaire où rien ne comptait pour moi, même pas le sable sous nos pieds que mes yeux fixaient. Puis enfin, voyant qu'un de mes ongles était cassé, je pris un petit coupe-ongle dans une petite sacoche à ma ceinture - le matériel qu'une fille doit toujours avoir sur elle, bien entendu - et le coupais, car je détestais ronger mes ongles. Nul doute qu'une autre fille l'aurait simplement limé, mais je détestais toucher tout ce qui était rugueux avec mes griffes, le contact était désagréable et autant en finir tout de suite. De plus mes ongles n'étaient pas le plus important pour moi, étant donné qu'il me fallait tenir mes sabres je préférais les couper que les laisser long.

Toujours aussi pensive, la femme n'avait pas bougé. Elle s'écarta alors un peu de la taverne - ce qui était une bonne idée puisqu'elle commençait à tomber en miettes - et marcha d'un pas souple et ample dans la seule "rue" du village. J'admirais sa démarche qui mettait bien en évidence son fessier et ses jambes. Nul doute que c'était une magnifique femme, et que plus d'un devait sûrement l'admirer pour ses formes. Cependant je n'avais pas à être envieuse, moi aussi la nature m'avait bien gâtée et je n'hésitais pas à afficher ma poitrine avec mon simple soutien-gorge. Ma démarche à moi était rudimentaire, je marchais simplement, comme tout le monde, et je n'avais jamais su me déplacer comme une top-modèle ou une femme très charismatique. En bref, mon déhanché était juste celui de quelqu'un banal, femme comme homme. Je sortais de mon observation pour la rejoindre en courant à ses côtés. A ce moment il y eu un énorme bruit de fracas derrière nous, qui me fit sursauter et pousser un petit "Kia" tout mignon - à ce que j'en jugeais. Le bar avait explosé, dans un nuage de fumée et des planches continuaient à voler. L'une d'elle vola dans notre direction, et il ne me fallut pas longtemps pour mettre ma lame sur sa trajectoire. Le sabre coupa net la planche qui se divisa en deux parties égales. Sans nul doute, il devait y avoir des morts. Des hommes rampaient en dehors des ruines, d'autres continuaient à se battre et au milieu de tout ça, le tenancier pleurait à chaudes larmes. Je ne pus me retenir plus longtemps et lâchais un petit rire distinct. Je m'intéressais alors à la jeune femme tout en la regardant d'un regard interrogateur. Elle continuait à marcher vers les terres, à l’extrême opposé du port, alors que je pensais avoir bien compris qu'elle voulait quitter l'île. Puis, avec un peu d'hésitation dans la voix et un petit air de petite enfant, je lui demandais :
- Et vous, c'est quoi votre nom ? Vous ne m'avez pas répondu : vous comptez m'aider ? Car je toooooooombe de fatigue !
Elle s'arrêta et me regarda, impassible. J'attendais sa réponse.

Nova marchait dans la longue rue de la ville, en direction du lieu où elle pensait passer la nuit… Le bar devait être en train de s’effondrer, les murs n’étant pas assez solide pour supporter le poids d’un homme qui se serait fait éjecter contre ceux-ci… Il suffisait que l’un des murs porteur soit ainsi éventré, et tout s’effondrerait dans un grand fracas –et un grand nuage de poussière probablement. Les lourds bruits de chute la confirmaient dans sa première idée, mais elle continua de marcher sans se retourner… Qu’ils détruisent la gargote s’ils le souhaitaient, elle ne comptait pas vraiment y retourner.
La rouquine –qui s’était présentée comme s’appelant Keys- la rejoignit, courant presque pour arriver à sa hauteur, et pressant le pas pour s’y maintenir par la suite. Soudainement, sans plus les agacer par les grincements des poutres qui cédaient, le bar derrière elle s’effondra, à peu près comme l’avais prédit Nova. Elle eut un sourire en coin quand la jeune femme à ses côtés sursauta, poussant un petit cri de surprise… On aurait dit la réaction d’un enfant, et de par son corps et son attitude, elle devait être bien jeune de toute façon.
Mais Keys n’allait pas être la seule à être légèrement étonnée : une planche vola vers les deux femmes, probablement expulsée violemment de la façade de la taverne au moment de son effondrement. La jeune marine s’apprêtait à se retourner pour la détruire, mais sa compagne la devança, dégainant un sabre et la coupant en deux du même geste. La rapidité d’exécution était assez exceptionnelle, ce qui interpella Nova. La rouquine savait donc se servir de son arme, ce qui signifiait qu’elle s’était soit très bien entraînée –dans le but de se battre certainement-, soit qu’elle s’était déjà battue, et pas qu’une fois.
L’idée de la recruter pour compléter son équipage lui traversa l’esprit… Une présence féminine ne ferait pas forcément de mal, elle l’aiderait à asseoir son autorité d’ailleurs, et si elle se battait bien, elle serait plus qu’utile. Mais enfin, pour cela, il lui faudrait la jauger… Et obtenir son accord bien évidemment. Donc, apprendre à la connaître… Mais Keys reprit la parole, sortant par la même occasion la détentrice de Logia de ses pensées :

- Et vous, c'est quoi votre nom ? Vous ne m'avez pas répondu : vous comptez m'aider ? Car je toooooooombe de fatigue !

Nova se retourna, observant la jeune femme à côté d’elle, stoppant par la même occasion leur marche vers le lieu de repos que sa compagne attendait tant. Après quelques courts instants qu’elle passa à réfléchir, elle lui répondit d’une voix un peu plus chaleureuse, qui se voulait rassurante :

« -Appelez-moi Nova. Et, je compte bien t’aider, si tu consens à me suivre bien sûr… A environ dix minutes de marche à l’extérieur de la ville, il y a une cabane isolée, dans une petite clairière… Elle est un peu exigüe –et il n’y a qu’un seul lit d’ailleurs- mais au moins elle peut servir d’abris… Et on ,’est pas trop mal installé. Je compte y passer la nuit, si tu n’a rien contre le fait de partager un luit, tu peux me suivre. »

L’idée de coucher avec la jeune femme lui était venue à l’esprit, comme avec chaque personne qu’elle croisait en fait, mais elle avait décidé de la connaître un peu mieux avant d’avancer dans cette direction… Enfin, il lui faudrait en apprendre un peu plus sur la jeune fille, Nova ajouta donc pour lancer la discussion :

« -Jolis joujous. Tu les as obtenus comment ? »

Elle désignait clairement les deux sabres qui pendaient aux côtés de sa compagne. S’assurant que celle-ci ait compris l’interrogation, Nova reprit sa marche, sans plus regarder en arrière. Elle la suivrait ou non, ce serait son choix.
En attendant une réponse de Keys, elle se tritura le cerveau pour comprendre pourquoi elle s’était approchée, et pourquoi elle la suivait dorénavant… Pour la première question, c’était à peu près évident : elle était la seule personne à l’air à peu près sensée, pas totalement obnubilée par l’alcool, et qui se dispensait de commentaires grivois… Pour la seconde, elle se posait la question un peu plus sérieusement. Pour trouver un endroit où dormir, il aurait suffit d’interpeller un passant dans la rue, pour lui demander son chemin… Enfin, Nova apprendrait bien la réponse à un moment ou un autre de toute façon.

La jeune femme... Nova, continuait à marcher vers ce qui devrait logiquement être la cabane dont elle parlait. Ça ne me dérangeait pas de dormir avec une femme, pas autant qu'avec un homme vu comment je les méprisais. Bref, je la suivais, et sur le chemin elle me posa une question. Je ne compris pas de suite, puis vis qu'elle faisait allusion à mes deux katanas. Rarement les gens remarquaient que ce n'étaient pas des sabres normaux. J'étais plutôt flattée par cette question, si bien que j'y répondis avec un ton un peu trop fort noué par l'enthousiasme :
- Ce sont mes katanas, ils m'ont été offerts par un ami qui m'a sauvé des griffes de pirates... Ils m'avaient fait subir des choses atroces. Oh, je ne veux plus y repenser ! Ils ont tous deux un nom, celui là c'est Yako, l'Eclat de Nuit et celui-ci Paruchizan, une lame taillée dans la pique d'une lance légendaire !
J'étais alors partie pour lui raconter tout ce que je savais sur ces sabres, tout ce que m'avaient enseigné mes amis sur leur bateau quand ils m'avaient recueillie. Mes sabres faisaient partie de moi, c'était quelque chose dont on n'avait jamais honte. Je lui faisais admirer leur courbes parfaites, les manches, la garde et toutes les décorations ainsi que le tranchant de la lame. Je coupais un arbre en deux pour faire exemple, sans pourtant faire trop d'efforts, cependant je ne mettais pas tout sur le compte des katanas, puisque j'étais moi-même aguerrie en escrime.

Nous arrivions donc à la petite maisonnette de bois retirée dans la forêt. J'eus un frisson, une légère prémonition qui ne me donna pas confiance. Mes yeux bifurquèrent à droite et à gauche pour vérifier si quelque chose n'allait pas surgir de l'ombre entre deux arbres. Nous étions d'ailleurs presque arrivés. Pourtant si j'avais remarqué quelque chose en arrivant au village, c'était bien qu'il manquait des femmes : il n'y avait que des hommes, peut être les femmes étaient toutes retirées chez elles avec la porte à clé. Alors c'est sûr que quand deux sublimes déesses entrent dans un bar, elle ne passent pas inaperçues, surtout si l'une d'elle est fortement déshabillée. En repensant à mon absence de vêtements je me surpris à frissonner. L'air était frais mais pas trop froid, mais pas trop chaud non plus. La cabane n'était plus qu'à dix mètres, et elle était réellement excessivement petite. Ça n'était qu'un tas de planches de bois, encore une fois, mais toujours plus solide et esthétique que les cabanons du village précédent. C'est alors que je fis sortir l'un de mes deux sabres de son fourreau, et tranchais sur ma gauche. Non, je n'avais pas rêvé, quelque chose m'avait bien foncé dessus, et son sang se vidait en éclaboussant l'air, sortant par la blessure longiligne sur son torse. Une vingtaine d'autres hommes armés de sabres, de fusils, de pistolets et carabines sortirent de la broussaille pour nous entourer. Ils avaient tous des regards vicieux, et j'eus du mal à réprimer ma colère face à ce genre d'hommes. Sans dire mot, ma camarade passa à l'attaque. Le groupe d'homme se divisa en deux pour s'occuper de chacune. J'étais fatiguée et j'aurais bien évité le combat, mais la jeune femme trépidait, elle semblait n'attendre que ça. Elle engagea le combat, mais je ne pus l'admirer plus longtemps car de mon côté les ennemis me pressaient ignorant le sabre que je tenais dans la main. Ce fut assez, et une grosse erreur de me sous-estimer. Je fis passer le deuxième sabre dans ma deuxième main, et déchaînais ma fureur.
- JAMAIS JE NE VIVRAI CELA... UNE NOUVELLE FOIS !

Comme de nombreuses fois auparavant, je me sentais possédée par mon Asura. J'avais appris de la bouche d'un Marine escrimeur que l'Asura était la malédiction qui avait rongé une lignée dynaste dans la Mer de Sable, à l'époque où c'était une contrée souriante. Ainsi donc mes origines étaient là-bas. Mais je n'étais pas bête, j'avais assez de culture pour savoir que cela allait faire des centaines d'années que le Royaume de la Mer de Sable avait été détruit par une force inconnue. Cela n'était logiquement pas possible que je sois l'une des descendantes de cette lignée... Ce maléfice se caractérisait par la possession d'un démon assoiffé de sang et de mort. Physiquement, mes yeux changent en s'assombrissant totalement, ma peau devient plus pale, couleur cadavérique et mes cheveux virent au noir intense. J'étais juste effrayante. En plus de cela un sourire diabolique se dessinait sur mon visage à chaque fois que je donnais la mort, ce qui faisait qu'il ne s’effaçait pas pendant tous le combat. J'en profitais donc pour tester un nouveau type de combat, une transe supérieure à laquelle le démon ne disait pas non, bien au contraire. Toransu. Ma poigne se fit plus serrée et mes katanas plus légers dans mes mains, comme deux baguettes. Je fondais sur les ennemis, infligeant Kurosu Chi à un premier, attaque que je répétais avec un second non loin, avant d'en abattre deux d'un coup à l'aide de Heiko-Gari puis finissant les trois derniers avec Gasuto Chi. A un moment, un de mes sabres passa à travers Nova comme à travers de l'air mais je n'avais pas le temps de vérifier, ni de me rendre compte si j'avais rêvé ou non. En l'espace de quelques secondes, avec cette technique de transe et mes attaques améliorées, je venais de tuer une dizaine d'hommes. Ils gisaient ça et là, l'un coupé en quatre, l'autre avec des trous gros comme mon bras dans son corps, un autre n'avait ni tête ni bras. Libérée enfin du démon, je m'asseyais par terre et versais quelques larmes. Puis me frappais la poitrine comme pour essayer de le faire sortir, sans aucun effet. Nova s'était débarrassée des hommes de son côté sans avoir une seule égratignure, et ce fut à ce moment que je me posais la question : mais elle n'avait aucune arme ?

La jeune femme aux côtés de Nova lui expliquait de long en large tout ce qu'elle savait sur ses sabres... Leur origine d'abord, ce qu'elle savait en faire, et surtout ce qu'ils étaient. Le nombre des sabres de cette sorte était extrêmement limité, en posséder deux relevait du miracle tout simplement... C'était décidé, Keys rentrerait dans son équipage. La jeune marine préféra ne pas penser à l'autre option qui s'offrait à elle : si elle refusait, elle se verrait obligée de la tuer, pour s'approprier ses deux lames. Lorsque la rouquine trancha un arbre en deux d'un mouvement souple, elle se montra un peu étonnée, mais ayant entendu parler du tranchant exceptionnel des lames, ça ne dura pas longtemps.

Les deux jeunes femmes entrèrent dans la clairière, mais soudainement, Nova sentit sa compagne un peu stressée... Elle avait senti quelque chose qui ne lui plaisait pas, car elle n'avait pas la même attitude jusque maintenant, se montrant plutôt joviale et expansive. La cadette de la famille Terra prêta attention aux alentours un instant, suivant l'instinct de sa compagne. Celui-ci se montra rapidement confirmé: Plusieurs hommes sortaient des fourrés... Ils étaient en tout une bonne vingtaine, dont plusieurs titubaient sous l'effet de l'alcool. Ils se jetèrent sur elle en hurlant des propos incompréhensibles, totalement désorganisés... Ce n'était en aucun cas une attaque préparée à l'avance, juste des ivrognes qui devaient simplement chercher une fille pour passer la nuit, et qui ne se sentaient pas de lui faire la cour courtoisement... Ils préféraient s'y mettre à plusieurs.

Légèrement irritée par le fait qu'on veule profiter de ses charmes sans lui laisser l'occasion de s'opposer -surtout que ce soir là, elle n'était vraiment pas d'humeur- Nova décida de leur infliger une bonne leçon, et rapidement... C'était l'heure de dormir, et le lendemain elle ne savait pas vraiment à quelle heure se lever pour partir. Elle se précipita à la rencontre de leurs agresseurs, l'air toujours aussi froid... Ils étaient une bonne dizaine contre elle, et donc à peu près autant contre Keys... Mais elle ne se faisait pas de soucis pour la rouquine, elle avait l'air de savoir se défendre.

Ne déchaînant pas la puissance destructrice de son fruit du démon immédiatement, elle préféra commencer dans un style plus fin, et élégant... L'un des premiers ivrognes arriva sur elle, levant son sabre au niveau de la gorge de Nova. Celle-ci se baissa prestement, le faucha d'un coup de jambe, avant de se dresser au dessus de lui, lui appliquant sa main sur le torse. Il fut achevé par un premier steam palm, l'une des techniques préférée de la jeune femme. Elle fut légèrement déconcentrée quand Keys hurla:

"- JAMAIS JE NE VIVRAI CELA... UNE NOUVELLE FOIS !"

Cela la fit se retourner, pour regarder la jeune rouquine... Il était clair que les hommes voulaient profiter des deux femmes, mais la seconde phrase de la jeune femme en disait long... Elle avait déjà été abusée. Nova restait encore plusieurs secondes les yeux fixés sur sa compagne, qui changeait maintenant radicalement. Ses cheveux étaient passés d'un rouge flamboyant au noir d'une nuit sans lune, et sa posture faisait froid dans le dos... Sa peau avait pris une pâleur cadavérique également... Ce n'était plus la même personne. Mais elle était d'une efficacité redoutable pour le peu que pu en voir la cadette de la famille Terra.

Celle-ci fut ramenée à la réalité brusquement par un sabre qui aurait du toucher son dos, accompagné d'une phrase de l'un des hommes:

"-Abandonne, et dit à ton amie de se rendre."

Un sourire sadique étira les traits de Nova quand elle lui répondit d'un air enjoué:

"-Désolé, mais pas ce soir chéri."

Avec un clin d'oeil elle se retourna complètement, passant au travers de la lame au grand étonnement de l'homme. Celui-ci ouvrit également de grands yeux quand un uppercut vint cueillir son menton, suivit de l'utilisation de steam blade par la jeune femme. Il mourut avec la jugulaire tranchée, se vidant de son sang sur l'herbe douce de la clairière. Nova n'avait pas son arme favorite, ayant préféré la laisser à la base de la Marine, ce qui la contraignait à se battre à main nue, avec pour seule aide son fruit du démon -ce qui était largement suffisant soit dit en passant. L'agresseur suivant fut exécuté de la même manière, sans avoir le temps de réagir.

Un coup dans la trachée écrasa littéralement celle-ci chez le quatrième homme, et il mourut lentement en tentant désespérément de trouver de l'air. La jeune marine utilisa ensuite sauna, et quatre adversaires supplémentaires moururent ébouillantés comme les homards de l'expression. Une steam palm acheva enfin le dernier des malandrins, ils n'étaient que neuf tout compte fait. Nova se retourna pour observer Keys qui était en train d'achever les quelques ennemis qui lui restaient. Un coup de lame circulaire transperça la marine, mais elle resta stoïque, elle n'avait rien sentit, et ce n'était pas voulu.

Finalement, le dernier ivrogne tomba dans un râle, laissant la clairière s'imbiber peu à peu de leur liquide vital qui coulait par les diverses entailles qui peuplaient leurs corps dorénavant. Mais le sang n'était plus la seule chose à couler : des larmes salées couraient sur les joues qui avaient repris leur couleur habituelle chez la rouquine. Celle-ci se frappa la poitrine brusquement -et violemment- dans le but de rejeter quelque chose apparemment... Elle était maintenant revenue à la normale, et ce juste à la fin du combat... Donc, elle était soit possédée, soit changeait du tout au tout -y compris physiquement- lors des combats... La deuxième hypothèse semblant peu logique aux yeux de Nova, elle se rabattit sur la première... Elle avait déjà entendu parler de pareils cas, aussi jugea-t-elle que cela n'était pas vraiment exceptionnel -ni un problème pour une possible future adhésion à son équipage.

La cadette de la famille Terra, qui n'était pas totalement dénuée de coeur, s'approcha de Keys pour lui poser une main qui se voulait réconfortante sur son épaule. D'une voix douce et rassurante, elle lui dit:

"-C'est finit... Nous allons pouvoir dormir. Oublie ça, ce n'étaient que des idiots."

Je ne voulais pas paraitre émotive, et ce n'était pas la mort de ces crétins d'hommes qui m'attristait. J'en avais marre de devoir supporter un tel fardeau. Je repoussais plutôt violemment la main de Nova tout en lui jetant un regard farouche qui disait bien : "Je ne veux pas de ta pitié". Je me relevais sans l'aide de personne et tentais tant bien que mal de me défaire du sang qui avait éclaboussé ma peau et mon peu de vêtements. Il me fallait vraiment me refaire une garde-robe, car visiblement ça n'était pas la meilleure tenue choisie, hors combat. Si je devais expliquer d'un point de vue utilité cette tenue, ça serait sans nul doute la souplesse et la vitesse qu'elle prodigue. Soit. La porte de l'habitat s'ouvrit dans un grincement tout aussi sinistre que le noir qui la remplissait. Nova tira sur une cordelette qui alluma au centre de la pièce une lampe électrique - l'une des dernières découvertes technologiques - illuminant un lit ainsi qu'une deuxième porte. Le lit à deux places me convenait amplement, même si j'avais à le partager avec la jeune femme. Elle me laissa prendre une douche en premier puisqu'il s'avéra que la deuxième porte menait sur une toute petite salle de bain. Je me débarrassais de mes pans d'armure, de mes légers vêtements sans aucune pudeur devant Nova, et lui demandais s'il était possible de les laver. Elle me regarda - si bien que je crus même qu'elle était en train de me reluquer ce qui me fit légèrement rougir - puis prit les vêtements sans un mot et les déposa dans ce qui semblait être un bac à linge. La salle de bain n'était pas carrelée, elle était en bois comme le reste du bâtiment. Les planches grinçaient malgré mon faible poids tandis que je marchais dessus sur la pointe des pieds. J'avais toujours marché sur la pointe des pieds, ainsi depuis ma naissance, si bien que je n'avais pu me défaire de cette habitude féline.

Il n'y avait pas plus précaire comme douche : un simple carré de pierre, une petite poire de douche suspendue et un trou dans la pierre pour laisser couler l'eau. Je fis attention à ne pas glisser et me saisissais du savon rugueux et peu odorant. Je me lavais en silence, regrettant un shampooing - et surtout un shampooing à l'ananas. En sortant, une serviette se dressait sur mon chemin et je la pris sans faire de remarque sur le fait qu'elle n'était pas là auparavant. Je me sentais un petit peu épiée mais peu m'importait, j'étais maintenant propre sur moi. Cependant, j'étais nue. Sortant de l'étroite pièce, la serviette nouée autour de mon corps recouvrant mon corps de mes cuisses jusqu'à ma poitrine rebondie, je demandais encore tout en m'excusant à l'avance :
- Excusez moi... Auriez-vous la gentillesse de me prêter des vêtements ? Je mordais ma lèvre pour me donner un air cruche. Nova accepta et me tendit un petit paquet de vêtements qui devaient sûrement m'aller, étant donné qu'elle comme moi avions la même taille de guêpe. Je laissais tomber ma serviette pour enfiler les habits, alors que la jeune femme semblait respecter ma pudeur en se tournant et en écrivant sur ce qui semblait être un bloc note. Une fois totalement vêtue, je poussais un cri d'effroi : c'était un habit de Marine, identique à celui du Lieutenant que j'avais jadis tué ! Sauf qu'il y avait un soutien gorge blanc et un petite culotte de la même couleur, au lieu des sous-vêtements habituels, et que j'avais créé un décolleté en laissant la moitié de la veste déboutonnée. Portant mes deux mains devant ma bouche, je regardais avec stupeur cet uniforme noir et bleu foncé.
- Je... Je... Cet uniforme, vous voulez que je le porte ? Vous voulez faire de moi une Marine ? Mais... mais j'ai tué des soldats de la Marine ! Je pensais bien que vous n'étiez pas une pirate ou un individu normal... Je ne peux pas être Marine !

Je me trouvais une nouvelle fois dans un cruel dilemme, où je devais choisir entre la liberté ou la subordination, car quelque chose dans le regard de cette femme coi me disait de ne pas refuser sa proposition. Elle me voulait à ses côtés, elle avait su reconnaitre en moi une femme redoutable. Je déchiffrais la situation et émettais des hypothèses, des questions et des réponses... Elle n'avait pas eu besoin de parler. Elle attendait que je fasse le premier pas.
- Bon et bien... j'imagine que je n'ai pas le choix. Je veux bien vous suivre à plusieurs conditions : la première est que vous réussissiez à cacher mon identité en me faisant passer pour une simple Marine, la seconde est que vous m'ameniez jusqu'à un certain endroit, et enfin la troisième et la plus importante : je ne veux pas être clouée sur la mer, si vous voulez que je reste à vos côtés, Nova, alors il vous faudra faire de moi une navigatrice des airs. Car mon rêve, c'est de naviguer dans le ciel !
Elle avait jusque-là écouté chacune de mes conditions sans broncher, mais la troisième la ravit si bien qu'elle se mit à sourire. Elle était radieuse, c'était vraiment une grande dame, et d'un coté je crois que je la prenais comme exemple. J'attendais sa réponse, assise sur le bord du lit, tenant dans mes mains la casquette et le foulard de la Marine. Tout était allé bien trop vite et je n'avais pas su comment réagir, si bien que tout avait l'air trop brusqué. Mais après tout, si tout sonnait à la perfection c'est qu'il devait y avoir un problème. Elle s’essaya à côté de moi, si c'était non, elle me tuerait simplement d'un geste du bras. Mais je ne bougeais pas, si ma vie devait s'arrêter là, c'était que le destin en avait voulu ainsi.

Les deux jeunes femmes entrèrent dans la petite cabane, à l'air un peu plus solide que le reste du village... On ne pouvait pas dire que c'était le grand luxe -loin de là même- mais au moins était-ce confortable. C'était la seconde fois que Nova venait ici, sans vraiment savoir si la maisonnette appartenait à quelqu'un ou non, mais en tout cas elle avait pu s'en servir comme bon lui semblait la dernière fois, il n'y avait pas de raison que ce soit différent ce coup ci.

Une fois entrée, par simple mesure de politesse, la cadette de la famille Terra laissa Keys prendre sa douche en premier, attendant simplement que celle-ci sorte... Chose un petit peu étrange : la jeune femme se déshabilla devant elle, laissant apparaître un corps bien proportionné et magnifique à l'éclairage de la petite lampe... Puis, la rouquine entra dans la petite pièce, laissant à la jeune marine ses quelques vêtements pour que celle-ci les mette à laver. Se réjouissant de cette occasion qui lui était donnée de faire sa proposition, Nova prit les habits, et les posa dans un bac à eau, où s'était créé un peu de mousse, du produit nettoyant ayant été versé précédemment.

Anticipant la prochaine question de Keys, elle déboîta une planche du mur pour laisser apparaître une cachette créée par elle même et qui s'enfonçait légèrement dans le sol. Il y avait une tenue de marine, ainsi qu'un peu d'argent, pour certains cas exceptionnels. Pour attendre sa compagne, elle s'assit sur le lit, posant un regard attentif sur la porte de la salle de bain, pianotant sur le dessus de lit pour passer le temps. Un peu avant que la rouquine sorte de la douche, Nova pensa qu'une serviette serait la bienvenue pour sécher la jeune femme. Elle ouvrit un petit placard, découvrant par la même occasion une penderie, et une petite étagère, attrapant le bout de tissu destiné à sécher la jeune femme.

En se faisant aussi discrète que possible, elle entra dans la salle de bain, poussant la porte qui s'ouvrit dans un chuintement à peine perceptible. Keys était en train de se laver les cheveux, et fermait les yeux pour éviter de recevoir du shampoing dans les yeux. La jeune marine déposa la serviette sur le côté, puis admira sa compagne dans le plus simple appareil... Elle était décidément jolie... Enfin, c'était une femme également, la question était de savoir si elle accepterait. Voyant que le débit de la douche ralentissait, elle ressortit à pas de loup une fois de plus, pour retrouver sa position précédente : assise sur le lit.

L'autre jeune femme la rejoignit, les cheveux détrempés plaqués contre le corps plus flamboyants que jamais, et la serviette couvrant à peine ses parties intimes. Elle lui demanda, se donnant un air un petit peu naïf qui ressemblait un peu trop à un jeu d'acteur ce coup-ci:

- Excusez moi... Auriez-vous la gentillesse de me prêter des vêtements ?

Sans rien répondre, Nova se retourna pour attraper le paquet de vêtements qui reposaient derrière elle, et ensuite le tendre à Keys, un regard interrogateur posé sur la jeune femme, pour voir si sa proposition était acceptée... En lui même, l'uniforme n'était pas vraiment basique, elle l'avait arrangé pour ses besoins, aussi la rouquine ne devrait pas le trouver trop strict, mais c'était la proposition qu'il impliquait à laquelle la cadette de la famille Terra voulait réponse. D'un ton un peu plus hésitant, sa compagne lui répondit:

- Je... Je... Cet uniforme, vous voulez que je le porte ? Vous voulez faire de moi une Marine ? Mais... mais j'ai tué des soldats de la Marine ! Je pensais bien que vous n'étiez pas une pirate ou un individu normal... Je ne peux pas être Marine !

Un signe de tête imperceptible marqua l'approbation de Nova, mais rien de plus... Il suffisait que Keys se rende compte de l'évidence de la situation pour qu'elle accepte de servir à ses côtés dans la marine. Elle l'avait vue se débarrasser de dix ennemis sans efforts, sans armes, et surtout sans égratignures, et si elle ne voulait pas finir nue, elle devrait revêtir les vêtements ainsi offert. Mais, elle n'avait pas sous estimé la perspicacité de la rouquine : celle-ci comprenait peu à peu ce qui allait arriver de toute manière. Elle avait beau se faire passer pour une cruche, elle n'était pas idiote, loin de là. Ce fut prouvé lorsqu'elle lui répondit, tentant d'imposer des conditions dérisoires à Nova... Même sans les accepter, elle aurait rejoint son équipage, même s'il aurait probablement la forcer un peu plus:

- Bon et bien... j'imagine que je n'ai pas le choix. Je veux bien vous suivre à plusieurs conditions : la première est que vous réussissiez à cacher mon identité en me faisant passer pour une simple Marine, la seconde est que vous m'ameniez jusqu'à un certain endroit, et enfin la troisième et la plus importante : je ne veux pas être clouée sur la mer, si vous voulez que je reste à vos côtés, Nova, alors il vous faudra faire de moi une navigatrice des airs. Car mon rêve, c'est de naviguer dans le ciel !

Un sourire étira les lèvres finement maquillée de la jeune femme... Ce n'était pas vraiment un problème, étant elle même capitaine d'un vaisseau aérien, elle n'aurait aucun mal à l'amener dans le ciel. D'une voix qui se voulait joyeuse -et rassurante- la cadette de la famille Terra lui répondit:

"-Concernant ce dernier point, ce ne sera surement pas un problème, je suis capitaine de l'un des vaisseaux volants de la flotte du gouvernement mondial. Cacher votre identité ne sera pas vraiment un problème, et je m'en charge. Enfin, je pense que tous ont droit à leur but personnel, aussi vous aiderai-je autant que je le peux pour que vous accomplissiez le votre, même s'il me faut me rendre au Shin Sekai pour cela."

Tout cela avait été dit d'une voix qui respirait la conviction, Nova avait effectivement un but par elle même, et il lui fallait s'assurer de la fidélité de quelques personnes pour y parvenir, autant faire un détour pour avoir une escrimeuse prête à la servir. Enfin, d'une voix un peu plus éteinte, elle ajouta:

"-Mais enfin, tout cela attendra demain, je propose de dormir maintenant."

Joignant le geste à la parole, la jeune marine retira ses frusques pour rester en sous-vêtement. Elle s'aventura à son tour dans la douche, pour se laver avant d'aller se reposer... Keys devait déjà être endormie désormais. Elle se lava en premier lieux les cheveux, puis les rinça à grande eau, libérant une petite cascade de liquide. Elle se nettoya ensuite le corps, prenant bien garde de passer du savon partout, avant de sortir. Mais ça ne s'arrêtait pas là, une fois nue dans la salle de bain, elle prit un petit flacon de parfum, et s'en aspergea délicatement, d'abord dans le cou puis au niveau des poignets.

Elle se rhabilla légèrement, utilisant uniquement son soutien-gorge et sa culotte, avant de retourner dans la petite pièce qui servait de chambre. Sans rien ajouter, elle se coucha aux côté de Keys, plongée dans ses pensées... La jeune femme devrait prouver sa fidélité, mais de ce côté là elle lui faisait confiance. Plusieurs questions restaient sans réponse à propos de la rouquine, mais cela pourrait attende le lendemain...

Elle songea également au cruel dilemme qui habitait sa compagne dorénavant... Ce n'était pas une marine à la base, peu probablement une membre du gouvernement indépendant d'impel down, presque surement pas un agent du baroque works. Elle retira également chasseur de prime de la liste, ils avaient l'air plus rusés les uns que les autres, et même si Keys voulait abuser son monde, elle n'avait rien d'une telle personne. Laissait civil et pirate... Et le port des deux armes rayait la première possibilité. Elle venait de proposer un poste dans la marine à une pirate -ce qui ne la gênait pas elle même, tout ceux qui pourraient lui être utile seraient les bienvenus- mais ces gens là étaient épris de liberté, et elle venait de lui proposer de troquer la sienne. Enfin, de toute façon, elle n'aurait d'autre choix que d'accepter, c'était une évidence pour Nova.

J'avais du me déshabiller à nouveau pour pouvoir me mettre en sous-vêtements et rentrer sous la couette. Le lit était plutôt grand, assez grand pour que deux personnes ne se touchent pas quand elles dormaient du moins. Nous étions chacune de notre côté et ainsi nous dormîmes, pour moi en tout cas car cela ne m'avait pas posé problème. J'étais propre, au chaud et confortablement installée, rien ne pouvait perturber mon sommeil, et ainsi, je m'endormais. Le lendemain je fus réveillée par un rayon de soleil qui frappa mon visage, il faisait chaud, trop chaud, et j'étais presque totalement découverte. Ma supérieure n'était plus là et visiblement plus dans la cabane non plus. Je me redressais, enfilais mes vêtements - de marine - en deux-deux et récupérais sur le séchoir mes anciens habits. Je mettais divers besoins dans un sac qui trainait sur le lit et sortais. L'air était plus frais à l'extérieur, je pris donc une bonne inspiration que je relâchais ensuite, prête à une nouvelle journée, avec de nouvelles personnes dans un nouvel environnement. J'étais une autre en réalité, et ça me plaisait quelques peu. La nuit m'avait portée conseil. Je remarquais que Nova m'attendait, elle portait elle aussi un sac à dos qui semblait bien plus chargé que le mien. Je la saluais d'un geste de la main, elle souri et nous partîmes sans un mot vers l'endroit où devait reposer son vaisseau. J'avais tellement hâte de le voir : un bateau-volant, je n'en avais jamais vu et j'étais tellement enthousiaste. Je ne marchais même plus, j'effectuais de grands bonds dans les airs. La jeune femme était impassible comme à son habitude, mais il lui arrivait de me regarder jouir de ma future découverte. Mon sourire semblait s'allier parfaitement avec le temps et la nature luxuriante qui bordait le chemin.

Nous arrivâmes dans un petit village, en meilleur état que le dernier et celui-là au moins avait un peu d'esthétique. Ici, les habitations tenaient, et elles étaient faites d'un bois propre, droites. Nous passâmes ainsi deux trois bâtiments pour arriver jusqu'à une espèce de hangar en bois, plus grand qu'une grange. Les deux grandes portes à battant nous faisaient face et semblaient bien lourde, mais Nova me fit signe de prendre l'un des anneaux et de tirer dessus, et elle fit de même de son côté. La porte se souleva lentement, elle était lourde et j'avais du mal, alors je tirais de toute mes forces en me contorsionnant dans tous les sens, mais rien à faire, j'avais trop de mal. Puis une force inconnue me permit de déplacer la porte plus rapidement ; c'était en fait Nova qui poussait derrière. J'avais les joues rouges, mais je laissais place à l'effort pour regagner en énergie et enthousiasme. La poussière remuait dans le bâtiment, ce qui avait l'air de déplaire à Nova, mais quand celle-ci retomba alors je vis le plus merveilleux vaisseau que je n'avais jamais vu. C'était de la manufacture typiquement réservée à la Marine, mais peu m'importait, le bateau-volant était juste impressionnant et beau ! Le navire était composé d'une coque, de trois ailerons et de plusieurs mats. Le bois était beau, propre et quasiment neuf, et les bords étaient dorés, de petits moteurs quasiment imperceptibles perçaient les ailerons - ils devaient eux-aussi fonctionner à la vapeur, mais je ne savais comment. Tout était beau, mais une fois les voiles sorties le navire devait réellement être magnifique. Nova m'invita à rentrer, mais aussitôt une troupe de soldats de la Marine armés débarquait - et j'eus même le réflexe d'empoigner l'un de mes sabres, mais heureusement ils ne le virent pas - et saluait la jeune femme.
- Colonel ! Nous vous attendions, avez-vous terminé votre mission ? Permettez-moi de vous demander qui est cette jeune camarade, est-elle avec vous ?
C'était un homme qui venait de prendre la parole dans le lot en sortant des rangs, un officier visiblement. Nova fronça les sourcils et répondit au jeune homme, elle me donna même un grade, un grade que je devinais haut et qui faisait de moi un officier, et de ce fait le-dit lieutenant - car il était lieutenant - me salua à mon tour.

Nova s'était levée un peu avant Scarlet, une dizaine de minute plus tôt en fait. Elle était sortie dans le froid matinal faire quelques étirements, déliant son corps léger et gracieux au milieu des cadavres mutilés laissés là la veille. Plusieurs pirouettes, quelques échauffements, avant de passer à l'exercice proprement dit. Pendant environ un quart d'heure, elle s'entraîna, dans un silence total. La jeune femme était toujours en sous vêtement, mais pour le moment c'était le mieux, cela lui permettait d'être plus libre, et d'avoir des mouvements plus amples.

Une fois la séance matinale terminée, elle s'habilla en vitesse, entendant Keys qui commençait à bouger à l'intérieur de la maison. Une fois prête, elle se positionna devant la porte pour attendre sa toute nouvelle subordonnée qui allait sortir sous peu. Quand celle-ci arriva, la cadette de la famille Terra lui fit un sourire, pour l'encourager dans sa toute nouvelle vie qui commençait... Mais, pas vraiment besoin en fait, celle-ci était prise d'une joie assez expansive, et sautillait dans tous les sens gaiement, apparemment très motivée à l'idée de pouvoir voir enfin son bâtiment.

Elles partirent aussitôt, formant un drôle de couple, l'une totalement impassible et froide qui jetait de temps à autre un regard à la seconde, qui sautillait plus qu'elle ne marchait, souriait à qui le voulais, et respirait le bonheur. Lesdits regards n'étaient pas forcément désapprobateur, juste intéressé... Une telle joie de vivre -au jour d'entrer dans la marine alors que c'était une pirate- était assez communicative, et Nova dut réprimer quelques sourires.

Les deux compagnes arrivèrent enfin dans le village où la plus gradée des deux avait laissé son vaisseau, dans un hangar à l'autre bout de la bourgade. Elles la traversèrent dans le plus grand silence, les habitants dormaient encore, jusqu'à arriver au bâtiment qui était leur objectif. Faisant signe à Keys de prendre l'autre battant, elle tira elle même jusqu'à ce que celui-ci s'ouvre, sans trop se fatiguer. Elle aida ensuite sa subordonnée à ouvrir le sien, pour révéler enfin ce qui faisait la fierté de la marine à cette époque : un vaisseau de guerre volant.

Nova savait que l'accueil n'allait pas tarder, aussi elle ne se précipita pas vers l'intérieur... Et elle avait raison, son lieutenant descendit d'une passerelle directement rattachée au pont pour demander:

"- Colonel ! Nous vous attendions, avez-vous terminé votre mission ? Permettez-moi de vous demander qui est cette jeune camarade, est-elle avec vous ?"

L’intéressée lui lança un regard chargé de sarcasme... Comment pouvait-elle répondre autrement que oui à ces questions? Enfin, passons, elle lança d'un ton froid comme à l'accoutumée:

"-La réponse à votre première question est oui. Ensuite, cette jeune femme est effectivement avec moi, c'est notre nouvelle commandante ici."

L'homme écarquilla les yeux sous l'effet de la surprise... On ne lui avait jamais parlé d'un nouveau membre d'équipage, il en était certain. Voyant qu'il s'apprêtait à discuter, Nova ajouta, pour calmer toute velléité de désobéissance à ses ordres:

"-Avant que vous ne commenciez à discuter, j'aimerai que vous preniez en compte mon grade et le votre. Ensuite, c'est votre supérieur à tous ici, et ma subordonnée directe. Vous devrez lui obéir aussi bien qu'à moi, et tout affront qui lui sera fait comptera comme s'il m'avait été infligé directement. Est-ce clair?"

Tous hochèrent la tête... Nova n'était pas une rigolote, ça se savait, et elle détestait qu'on n'applique pas ses ordres à la lettre et sur le champ... Malgré cela, c'était une personne talentueuse, et, même s'ils ne l'avoueraient pas, ils l'aimaient et la respectaient.
Le lieutenant salua Keys à ce moment là, montrant sa soumission face aux ordres de la colonel. Celle-ci grimpa sur la passerelle, sa compagne toujours à sa suite. Ralentissant un peu le pas, elle lui glissa dans l'oreille:

"-Suis moi je vais te faire visiter... Tu apprendra la raison de tout cela plus tard, mes hommes se feront un plaisir de t'enseigner je pense... Pour obtenir tes faveurs. Ils sont un peu lourdauds, mais gentil, n'hésite pas à les rembarrer."

Une fois sur le pont du bâtiment, Nova dit, assez fort pour se faire entendre de tous:

"-Tout le monde à son poste, nous décollons. Je veux que nous soyons haut dans le ciel avant que j'ai finit de faire visiter le bateau à cette jeune femme."

Et ainsi fut fait, tous coururent pour effectuer tel ou tel tâche, pour préparer le vaisseau au décollage. Les machines furent mise en route, et un ronronnement puissant monta de la cale. Délaissant le pont supérieur qui fourmillait maintenant, la cadette de la famille Terra entraîna sa nouvelle subordonnée à l'intérieur, pour lui faire visiter les locaux qui seraient maintenant sa nouvelle maison.

Elle commença par le pont inférieur, grande salle qui occupait les trois quarts de la longueur du vaisseau. Une dizaine de sabords trouaient de chaque côté là coque, de lourdes pièces d'artillerie était à leur tour placées derrière ceux-ci. Des chaînes de fer clouaient celle-ci au sol : vu leur toi, il ne fallait surtout pas qu'elles bougent... Une rafale de canon en l'air déséquilibrait déjà le vaisseau, si en plus les canons pouvaient bouger, ce serait bien vite un capharnaüm innommable.

Ensuite, elle se dirigea vers l'arrière, toujours en silence... Dans un premier temps, elles visitèrent la salle des machines, qui fournissait l'énergie nécessaire à la bonne marche du bâtiment. Des hommes torses nus s'y activaient, pelletant du charbon pour le faire brûler, ce qui était particulièrement important pour le décollage où les réacteurs devaient donner toute leur puissance. Ensuite, en remontant un peu, les quartiers de l'équipage occupaient une pleine pièce, des hamacs suspendus entre deux colonnes de bois, toujours sur deux niveaux.

Elles partirent enfin vers l'avant, pour découvrir la sainte barbe, éloignée au maximum de la salle des machines pour éviter que la chaleur ne fasse exploser le tout... A côté de celle-ci, comme de normal, il y avait l'armurerie peuplée de mousquets et de sabres d'abordages. Elles montèrent à l'étage supérieur, dans la cuisine du bâtiment, qui étaient actuellement totalement vide. Alors que les deux femmes s'apprêtaient à ressortir, Nova dit à Keys:

"-J'imagine que tu veux savoir où tu va dormir? Suis moi."

Elle accompagna la phrase d'un petit clin d'oeil, et d'un demi-sourire... Les deux jeunes femme traversèrent le pont, alors que le navire était déjà à plusieurs dizaines de mètres du sol... Elle s'arrêta devant la porte du château d'arrière du vaisseau, en attendant que sa compagne admire la vue, car la cadette de la famille Terra était presque sûr que c'était ce qu'elle ferait.

Ensuite, elle ouvrit la porte de la partie réservée aux officiers -et donc un peu plus isolée du vaisseau- pour laisser passer la rouquine. Nova prit sa suite, puis la mena jusqu'à sa propre cabine. Elle ouvrit le battant, laissant découvrir une chambre méticuleusement rangée, un lit deux place fait parfaitement, ainsi qu'une penderie... Le tout donnait l'impression que c'était assez grand, surtout grâce au fait que tout était rangé, donc n'occupait pas l'espace. Une porte contre le mur de gauche était fermée, et Nova s'avança jusque celle-ci, avant de se retourner pour dire:

"-Voici ma chambre... N'hésite pas à venir me trouver. Tes quartiers se trouvent de l'autre côté de ce mur."

En disant cela, elle indiquait la porte, puis la poussa, révéla un passage avec la chambre adjacente. Elle entra dans celle-ci, qui reprenait le même modèle que la première, et une fois que Keys l'eut rejoint, elle ajouta:

"-Dorénavant, tu es mon second, et tu dormira ici... J'espère que cela te plaît. Installe toi comme bon te semble. Enfin, en attendant, je dois retourner sur le pont, pour diriger les opérations... Nous rentrons à la base."

En disant cela, elle fit demi-tour, ferma la porte avant de rejoindre ses hommes, au milieu des rafales de vent...

Je restais la bouche ouverte pendant toute la visite guidée. Je ne pouvais même plus parler tellement j'étais excitée, même si je tâchais au maximum de masquer ma joie. Je m'asseyais sur mon lit, fouillais un peu partout sans déranger l'harmonie précieusement rangée de ma chambre. Tout, mais vraiment tout, était attaché, car au décollage j'avais remarqué que le navire tanguait légèrement, signe qu'il pouvait aussi être fortement déstabilisé et que tout pouvait s'écrouler dans ma chambre, si ça n'avait pas été attaché. J’aplanissais le lit à nouveau avant de me rendre vers la salle de bain. Je fis ma toilette en vitesse, ne me gênais pas pour utiliser une fiole de parfum embaumant et entrepris de poursuivre ma visite seule. Je n'avais aucune idée d'où était passée Nova, et si elle était encore dans sa chambre je n'allais pas la déranger. Je passais mes bras derrière mon dos, droite, et déambulais comme si j'inspectais chaque recoin du navire. Tous les hommes cessaient leur activité en me voyant passer dans leur champs de vision, certains me contemplaient de haut en bas et d'autres allaient même jusqu'à me faire la cour. Mon dieu que les hommes me répugnaient, mais ceux-ci ne semblaient pas dangereux, ainsi je les rembarrais gentiment tout en les gratifiant d'un sourire. Le navire était immense, il me fallut vingt minutes pour le traverser en marchant normalement. Les cuisines étaient d'un hygiène sublime et quelques cuisiniers s'affairaient à concocter les plats qui seraient servis au déjeuner, je sortais de la grande pièce par une petite porte débouchant sur une passerelle en hauteur d'une salle remplie d'hommes torses-nus : je reconnaissais la salle des machines que nous avions précédemment traversé. Les engins fonctionnaient à plein temps alors que les mécaniciens qui les manipulaient communiquaient et rigolaient dans le brouhaha sans se soucier de la chaleur insoutenable et de la vapeur qui pouvait les brûler à tout moment.

Je passais inaperçue, et traversais pour continuer. Je remontais sur le pont, sentais l'air frais et le vent sur mon visage et mes cheveux. Nous étions dans le ciel, c'était à peine croyable. Des hommes s'affairaient à leur travail, alors que d'autres étaient simplement assis dans dans un coin à roupiller. Beaucoup des hommes inactifs possédaient un fusil sur eux ainsi qu'un sabre et certains, des officiers sans-doute, avaient en plus un pistolet à leur ceinture. Il ne faisait nul doute que ces hommes là étaient des Soldats de la Marine, prêts à devoir défendre le navire à tout moment. Je parlais à un soldat qui me répondit en me faisant un grand sourire :
- Bizarrement, ces derniers temps nous n'avons pas vu beaucoup de navires volants du Baroque Works. Je suis sûr qu'ils préparent un mauvais coup, genre un nouveau type de bateau. Vous savez ce que c'est un zeppelin, commandant ?
- Un zeppelin... c'est une sorte de ballon ?
- Tout juste ! Une sorte de ballon, un dirigeable en fait, mais fortement armé, pouvant voler très haut comme très bas. Eux n'ont pas besoin de tout la matériel et les efforts que demandent les bateaux-volants, croyez-moi, c'est de la haute technologie ces engins-là. Mais ne vous en faites pas Commandant, ce n'est pas un avion qui fera peur à notre Colonel !
J’acquiesçais tout en imaginant dans ma tête un gigantesque ballon ovale couleur sang auquel était accroché un long bâtiment d'acier. J'avais déjà vu, jadis, un dirigeable, mais ça n'était qu'un transport et il volait haut dans le ciel. Je continuais mon chemin en prenant l'escalier pour accéder au Pont Supérieur, là où se trouvait la cabine de pilotage et de navigation. La pièce était gigantesque, elle faisait la moitié du navire et comprenait aussi un centre stratégique : une lourde table ronde possédait une nappe en planisphère rond, plastifiée, sur laquelle étaient posées de lourde figurines aimantées.

Des officiers, et j'avais encore du mal à me mettre dans la tête qu'ils étaient sous mes ordres, planifiaient et discutaient, puis ma saluèrent quand ils me virent. Je leur rendais leur signe : ça n'était peut être pas si mal d'être dans la Marine. Je m'intéressais aux documents de navigations et aux cartes, demandant conseils pour me repérer même si je m'y connaissais bien en navigation. Il y avait, sur une étagère, toute une collection de ce que je reconnaissais comme ce que l'on appelait "Log Pose" et "Eternal Pose", des instruments de navigation de Grand Line. Sur les socles des bulles de verre, il y avait des noms : Marineford, Alabasta, Casabianca... Enfin, il me fallait voir le pilote. C'était un homme plutôt vieux, il était accompagné de deux co-pilotes qui secondaient ses gestes. L'homme âgé était visiblement Commandant, tout comme moi, et nous nous saluâmes l'un l'autre avant que je ne commence à lui poser des questions. Quand il parlait, il ne deviait jamais le regard de la fenêtre devant lui, comme si une falaise pouvait surgir à tout moment des nuages. Il m'expliqua son trajet dans la Marine, ses ambitions, comment il conduisait le navire, ce que cela l'amenait à faire, ses horaires... Pour les autres hommes j'éprouvais du dégout, mais pour ce vieil homme, que l'on appelait Commandant Hyuto, c'était plus de l'admiration et de l'émerveillement. Je réalisais alors ô combien certains devaient vaillamment travailler pour acquérir le grade que l'on m'avait donné, et que je n'avais même pas demandé ! C'est alors que, sans prévenir, il s'écarta du gouvernail en le laissant tourner vers la gauche sans s'arrêter et cria mon nom, ses co-pilotes ne firent rien. Le bateau effectua un virage très serré et il manquait quasiment de se retourner. Je pris alors le gouvernail tout en prenant appuis sur le sol et voyais à quel point il était difficile de redresser le bateau, néanmoins j'y arrivais, et il continua son chemin en reprenant de l'équilibre. Le vieil homme me regardait, ravi, car dans mes mains je tenais le gouvernail qui faisait de moi le pilote de ce vaisseau. Je lui adressais un regard farouche, puis haussais les épaules tout en regardant droit devant moi. Je tenais les commandes, je pilotais un bateau dans le ciel. J'étais une navigatrice des airs.

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