A cette époque, je n’avais encore rien, je ne revenais qu’à peine de Grand Line, avec un échec cuisant sur la conscience, bien qu’assez fier d’être parvenu à réchapper de cet enfer. J’étais heureux d’être toujours en vie, après tout, cela était mon seul objectif, ce qui m’avait mû pendant plusieurs années : survivre à Grand Line, survivre à Impel Down et survivre à ma faim. Mais bon, je m’en étais tiré et plutôt avec brio. Un petit sourire, à la fois amusé et éreinté étira mon visage, je naviguais sur un petit navire dont je n’étais que peu fier, j’étais pressé de trouver une solution plus conséquente et je ne savais pas si j’allais la trouver sur cette île. Mon œil unique se dressa en direction d’Hebi Island.

Je ne savais guère ce que j’allais vraiment trouver sur cette île ni ce à quoi je m’attendais, mais je savais bien que ce n’était pas la plus belle destination de vacances de tout South Blue. Mais je devais tout de même m’avouer être potentiellement intéressé par les serpents y résidant. J’avais entendu de nombreuses histoires à propos de chercheurs et d’explorateurs qui s’étaient établis plus profondément dans les marécages et les forêts, mais dont plus personne n’avait de nouvelles depuis quelques semaines à présent. On y parlait d’expériences étranges dont la population assez inquiète de l’île ne voulait pas entendre parler.

Lançant mon amarre, j’attachais ma barque au port, me grattant la tête, ce foutu cache œil que je mettais sur mon crâne pour le style me démangeait tout de même fort. Mais après tout, cela ne faisait que peu de temps que je m’étais décidé à le porter. Soufflant un peu sur le tabac de ma pipe, un petit grésillement en émana et je recommençais à tirer sur celle-ci, mon autre main posée négligemment sur mon Katana.

Depuis l’Enfer de la Faim d’Impel Down, j’avais été fort faible pendant de nombreuses semaines, mais à présent, je pouvais commencer à être fier de mon corps. Certes, je n’avais pas encore la carrure de combattant qui me caractériserait quelques années plus tard, mais j’étais filiforme, d’une musculature fine mais présente. Suffisante du moins pour pouvoir agacer un quelconque adversaire par des mouvements vifs et endurants.

Mes pas me menèrent irrémédiablement vers le bar le plus proche, emplis essentiellement de personne de passage, je demandais presque immédiatement un salon privé, avec de préférence de la compagnie intéressante. La tavernière me lançant un clin d’œil significatif, je me trouvais mené dans une pièce adjacente ou la femme elle-même resta avec moi, laissant à ses employés le bon soin de s’occuper de faire tourner le commerce sans elle. Mon envie de luxure n’était pas encore primordiale, en cet instant, mais cette femme n’était pas non plus ce que l’on pouvait considérer comme une mocheté, et j’appréciais sa compagnie langoureuse, certes, il n’y eut pas plus que des caresses et des mots coquins prononcés en murmure à mon oreille, mais je ne souhaitais pas terminer dans la couche de la première femme venue sur cette île.

Après tout, le nom ne m’inspirait aucune confiance et il me semblait ne pas avoir vu beaucoup d’hommes établis ici, certes les femmes pour la plus part m’avait semblée assez taillée et résistante pour pouvoir faire face à un quelconque danger, mais la gente masculine semblait presque inexistante à part les hommes qui faisaient escales ici, c’était particulièrement étrange et cela me déplaisait fortement en réalité. Moi qui était particulièrement friand des femmes, me trouver sur une île essentiellement composée de femme, telle la mythique Amazone Lily, aurait du m’exciter au plus haut moins, mais je trouvais plus cela étrange, surtout compte tenu de la dangerosité de la faune et la flore locale.

Ma question fut rapidement posée et la femme m’expliqua la raison tout en me faisant boire le saké que j’avais demandé. Je sentais ses formes pressées contre moi, chose qui me plaisait particulièrement et la chaleur de l’alcool de riz était entrain de doucement me réchauffer autant que la présence agréable toute proche, mais je tâchais de continuer à garder en tête mon idée, qui me semblait petit à petit plus une émasculation qu’une bonne résolution. Mais lorsque je vis doucement sortir de ses vêtements un petit serpent, mon mouvement de recul fut immédiat, déjà un cercle se formait dans ma main tandis qu’elle me regardait, elle tout aussi effrayée que moi par l’éveil assez rapide de mon fruit démoniaque.

Elle me répéta à nouveau l’explication de la désertion des hommes : ils n’avaient aucune confiance en les reptiles, tandis que les femmes avaient tendance à plus facilement les accepter mais aussi que les seuls hommes qui restaient avec un minimum de courage s’étaient lancés à la recherche des scientifiques semblant être prisonniers de la jungle.

Une heure plus tard, je ressortais de ce bar, mon corps vacillant sous l’effet du saké ingurgité en grande quantité et je retrouvais ma barque avec plaisir pour m’y reposer, la tête pleines d’histoires assez étrange dont je me savais friand. Je sentais bien que j’allais dès mon réveil, que je sentais déjà plus ou moins laborieux, m’atteler à rendre une petite visite à l’expérience ratée qui se terrait dans ces marécages.